« Je me fais avoir…! »
« elle n’est pas une vraie amie…! Tu te fais avoir »
Je discute avec une amie, qui me demande des nouvelles d’une amie commune. Je ne sais pas, lui dis-je, je lui ai laissé un message la semaine dernière. Je la rappellerai ce soir.
« Hummm, c’est toujours pareil avec elle, elle ne prend jamais de nouvelles et en plus elle ne te répond pas ! je ne sais pas pourquoi tu continues à lui écrire ! Ce n’est pas ça l’amitié, tu n’as rien compris, tu te fais avoir…! Moi j’attends qu’elle se manifeste… »
Les mots assez virulents de mon amie m’ont laissée perplexe…🤨
En fait, il me semble que c’est elle qui n’a pas vraiment compris…
Pourquoi j’appelle une amie ?
Quand je prends des nouvelles d’une personne, c’est pour 2, non 3 raisons :
- répondre à mon besoin du moment, qui est de me manifester auprès d’elle. Sans attente, juste pour lui faire savoir que je pense à elle..
- savoir comment elle va, ce qu’elle devient : si elle peut /veut répondre, tant mieux, nous aurons un échange. Mais si ce n’est pas le cas, quel est le problème ? J’ai répondu à mon besoin, la contacter.. Pourquoi est ce que son besoin à elle, dans ce moment présent, serait le même que le mien ?
Est ce que je me suis demandée si elle avait le temps /l’envie de me répondre, là, maintenant ? Quelles sont ses priorités actuelles, ses contraintes, ses désirs ?🤨
Je ne fais pas de suppositions, sur ce qu’elle pense, ce qu’elle vit. Je ne tire pas de conclusions sur le fait qu’elle ne me réponde pas maintenant, ni qu’elle ne prenne pas l’initiative de m’appeler… C’est ça une relation équilibrée, quand chacune écoute ses besoins et envies et ne sent aucune obligation !
- la 3eme raison, c’est pour lui faire savoir que je suis là, pas loin… si elle a envie /besoin d’une oreille, ou juste d’une pensée. Il m’est souvent arrivé de penser à une personne, de lui envoyer mon affection, mon énergie, sans savoir pourquoi, jusque parce que je le ressens comme ça.
Et souvent ça répond à son besoin du moment (même si je ne le sais pas, même si elle même ne le sait pas non plus: c’est la magie de l’interaction permanente des êtres entre eux. Nous sommes toujours tous connectés, que nous le percevions ou non)
Et elle, de quoi a t-elle besoin ?
Est ce qu’elle est dans sa grotte sans avoir envie de parler ? La seule chose qui compte, c’est qu’elle sache qu’elle sera entendue quand elle en sortira…
Est ce qu’au contraire elle est tellement dans ce qu’elle fait qu’elle vit intensément, sans besoin de partager ces moments ? C’est génial pour elle, ce qui compte c’est qu’elle sache qu’elle pourra les partager si et quand elle en a envie !🤩
Est ce qu’elle est débordée, noyée sous le boulot ? Savoir qu’une amie pense à elle et la soutient peut l’aider, un peu, même si elle n’a pas le temps de répondre… C’est pas une raison d’être de l’amitié, ça ?❤️
comment je me sens quand elle ne répond pas ….?
Et je ne me sens pas rejetée non plus quand elle ne me répond pas… Elle n’est pas là pour répondre à mes attentes, combler mes manques et mes besoins. A moi de faire la lumière sur ce que j’attends : pourquoi j’ai des attentes, des déceptions, des frustrations ? Pourquoi je me sens rejetée ou pas assez aimée quand mes amis, mes enfants, mes proches ne réagissent pas comme je l’espère ?
Pourquoi je crois que les autres ne pensent pas à moi, que je ne suis pas importante pour eux, quand ils ne me répondent pas aussi vite que je le voudrais?… Ou qu’ils ne prennent pas spontanément de mes nouvelles ?
Qu’est ce que j’attends vraiment de mes amis ?
La principale raison, c’est que j’espère trouver dans ces échanges des « preuves », qui me feront sentir que je compte pour eux, que j’ai de la valeur à leurs yeux, que je suis aimée… Sauf que les autres, et surtout mes proches, ne sont pas là pour me renvoyer la belle image de moi dont j’ai besoin.🥴
Continuer à croire ça, c’est très limitant pour plusieurs raisons :
- ça met une pression terrible sur les autres : si tu ne me réponds pas/ m’appelle pas… c’est que… tu ne m’aimes pas assez ! Et voilà, c’est dit (ou pensé très fort !). Merci pour la culpabilité que l’on fait peser sur l’autre, la pression qu’on lui met🥲..
- je suis complètement dépendante de la réaction/ action de l’autre : ce qu’il va dire ou faire va déterminer comment je me sens ! bref, je lui ai donné mon pouvoir… (il n’a rien demandé, d’ailleurs, je le souligne au passage…)
- je ne suis pas authentique dans mes relations puisque je fais quelque chose pour avoir autre chose… Si je suis alignée avec moi même, que mon besoin est d’appeler mon amie, je l’appelle et c’est tout. Je n’attends rien, pas même une réponse ! Qu’il y ait réponse ou pas, aujourd’hui ou la semaine prochaine, ça ne change rien à ce que je vis, comment je me sens, et ce que je ressens pour la personne. C’est ça, l’équilibre et le respect dans les relations🥰
- je me prive de la possibilité de reprendre mon pouvoir pour évoluer : mieux me comprendre, mieux m’aimer, mieux me respecter. Si j’attends quelque chose de l’autre, je ne prends pas ma responsabilité dans ce que je vis : je me sens mal/énervée/déçue… c’est la faute de l’autre !😡
Alors, qui se fait avoir, finalement ?
Donc pour en revenir aux mots de mon amie « tu te fais avoir ! » : non, je ne me fais pas avoir, je respecte mes besoins et ceux de l’autre personne. Je vis et suis ce que mon être, mon coeur me pousse à faire, dans tous les domaines, sans attentes…
Je ne me fais pas avoir par mon mental qui voudrait me faire croire que l’amour ou l’amitié c’est donnant donnant au sens comptable du terme. Je ne me fais pas piéger par les « codes sociaux » ou éducatifs qui disent que « quand on est poli, on répond », « c’est chacun son tour », qui pensent l’équilibre en terme quantitatif…
Je ne me fais pas avoir par mes peurs qui me pousseraient à tirer des conclusions négatives d’une situation (si elle ne répond pas, c’est que je ne suis pas si importante pour elle… et pan, un petit coup de canif dans mon estime de moi… qui n’en a sûrement pas besoin!)
Alors non, je ne me fais pas avoir….Je fais ce qui me fais vibrer, petites et plus grandes choses, sans me préoccuper de mon mental (ni de celui des autres) et de ses suppositions…😏
Alors si on lâchait prise sur nos attentes vis à vis des autres…? Si on se contentait d’accueillir et savourer ce que ces relations nous apporte, dans toute leur richesse et leur diversité?